AU PAYS DES – ASPHALT JUNGLE SAISON 2
AUTEUR : SYLVAIN LEVEY
ANNÉE DE CRÉATION : 2011
PRODUCTION : Production théâtre du rictus
Création au Théâtre Quartier Libre d’Ancenis
Avec le Soutien de la DRAC des Pays de la Loire
Conventionnement Conseil Général de Loire – Atlantique, Ville d’Ancenis
Avec l’aide de La Ville de Saint-Herblain
NOTE D’INTENTION
Le Théâtre du Rictus et Sylvain Levey continuent d’interroger les affres de notre société au travers du prisme des faits divers. Le zapping initié dans Asphalt jungle se poursuit dans Au pays des. (Asphalt Jungle Saison 2), traquant les barbaries modernes qui avancent masquées. Harcèlement moral ici, déresponsabilité là. Qu’est-ce qui conduit au passage à l’acte ? Les diverses culpabilités insidieusement instillées dans les esprits creusent des galeries souterraines, entraînant des êtres humains vers des comportements inhumains. Une occasion de questionner la société du jetable, du librement exploitable, du permutable et de la violence du monde dans lequel nous vivons.
Asphalt Jungle réunissait deux textes de Sylvain Levey à partir d’une initiative personnelle. La portée de cette juxtaposition, comme un début de zapping informel, s’est éclaircie pour moi au fur et à mesure du travail avec les comédiens et grâce aux retours du public. Il m’est alors apparu comme une évidence de poursuivre d’une part le compagnonnage artistique avec Sylvain et de continuer à interroger le monde qui nous entoure au travers du prisme des faits divers.
Chaque fait divers, en effet, porte en lui un condensé de nos existences, il agit souvent comme un zoom de nos peurs, de nos obsessions, de nos extravagances inassouvies. Il porte en lui la tragédie et la comédie à l’état brut, comme un événement compressé qui contiendrait les potentialités de la condition humaine et qui en libérerait quelques unes ici et là. Il est donc naturellement théâtral. Il révèle les symptômes d’une époque.
Or l’écriture de Sylvain Levey joue avec cette perception ; elle capte et restitue avec précision ce foisonnement. Il y a une aptitude très aiguisée chez cet auteur à saisir le détail et à voir dans ce détail en quoi il raconte son temps. Les dialogues sont producteurs d’action et ne sont pas des commentaires d’action. Ce qui rend une vitalité permanente à la scène. Et ce qui augure d’une grande confiance au jeu des comédiens.
Au pays des. (Asphalt jungle, saison 2) n’est pas la suite dramaturgiquement parlant d’Asphalt Jungle mais la prolongation des chroniques urbaines entamées avec Asphalt Jungle. Parfois drôles, parfois tragiques, toujours humaines, trop humaines. Auquel viendra plus tard s’ajouter le troisième volet de la trilogie qui fera l’objet d’une nouvelle commande d’écriture à Sylvain Levey et d’une résidence au Théâtre du Parc à Andrezieux Bouthéon en septembre 2012 pour une création en 2013.
COMPLÉMENT
DISTRIBUTION
DISTRIBUTION
Ludivine Anberrée
Ghyslain Del Pino
Christophe Gravouil
Laurence Huby
Yann Josso
Nicolas Sansier
Lumières : Jean-Marc Pinault
Vidéo : David Beautru, Dorothée Lorang
Musique : Guillaume Bariou
Costumes : Anne-Emmanuelle Pradier assistée de Romain Grateau
Administration : Bureau des Arts
Production : Christine Carmona
SYLVAIN LEVEY
Né en 1973 à Maisons-Laffitte (Yvelines), il est comédien et auteur. En tant qu’auteur, il travaille souvent en résidence et répond à des commandes d’écriture, dans lesquelles il aime s’engager avec les structures en place, mais aussi en direction du public de celles-ci. Il est lauréat des Journées de Lyon des Auteurs de Théâtre 2003 et de Nîmes Culture 2004 pour Ô ciel la procréation est plus aisée que l’éducation.
Il a écrit une vingtaine de textes, dont plusieurs pour la jeunesse, dont la grande majorité est publiée aux éditions Théâtrales.
Le Rictus travaille en collaboration avec Sylvain Levey depuis 2007 et a monté quatre pièces de Sylvain Levey : Juliette, suite et fin trop précoce, Pour rire pour passer le temps, Au pays des... et Rhapsodies. Ces quatre pièces composent trois spectacles qui seront réunis en trilogie intégrale la saison prochaine.
PRESSE
Muriel Steinmetz sur l'humanité.fr
Licenciement mode d’emploi
Au pays des (Asphalt Jungle, Saison 2, pièce du jeune auteur à suivre Sylvain Levey, est mise en scène
par Laurent Maindon de la compagnie du Théâtre
du Rictus (membre fondateur du réseau théâtral européen Quartet-Visions d’Europe). La pièce prolonge des chroniques urbaines tragiques entamées avec Asphalt Jungle. Ils sont six pour interpréter la lente descente aux enfers de l’employé d’une entreprise contemporaine, son déclassement progressif,
son isolement avant sa dépression et son suicide. C’est insidieux. Ça fait froid dans le dos. Le procédé scénographique est astucieux qui propose deux lieux
en un, permettant ainsi de voir l’enchaînement
des causes et des effets.
À 20 h 30, au Grenier à sel - Avignon OFF
Cyrille PLANSON, La scène n°62, p. 23
C'est un très joli projet qui réunit le Théâtre du Rictus, dirigé par Laurent Maindon, et l'auteur Sylvain Levey. Au pays des, seconde commande passée pr la compagnie dans le cadre du projet Asphalt Jungle, décrit la descente aux enfers d'un cadre dans un parc d'attraction. Mise à l'écart, indifférence, brimades, rien ne lui sera épargné. En prise directe avec l'actualité, Au pays des nous offre une vision très réaliste de la sauvagerie des sociétés libérales et de l'univers du travail. Des prémices de la souffrance morale jusqu'au suicide, le Théâtre du Rictus démonte ici, avec une rare finesse de jeu, le mécanisme de la désocialisation au travail. En ces temps de relégation, de précarité croissante et d'indignation, la pièce de Sylvain Levey parle à chacun d'entre nous. L'écriture enlevée, jamais alourdie par l'emphase, et le jeu très sobre des comédiens du Rictus, tour à tour drôles, émouvants et terriblement inquiétants, tiennent en haleine le public de bout en bout.
Les chroniques de Jean Dessorty - 20 mars 2013
Six mois pas plus. Six mois pour pousser un « collaborateur » au suicide, voilà la trame glacée de la pièce « Au pays des … » de Sylvain Levey dans une mise en scène de Laurent Maindon que jouait magistralement hier soir à la M.J.C. de Rodez la troupe du Théâtre du Rictus, laquelle porte pour l’occasion particulièrement bien son nom. Tout avait pourtant débuté dans la bonne humeur sur la musique d’ « Over the rainbow », béate de niaiserie sucrée, et avec des images noir et blanc sur un écran vidéo de la vie au bureau de cadres en costumes cravates ou tailleurs proprets d’une grande entreprise, lesquels plaisantent autour d’un pot que l’on voudrait imaginer convivial. Puis, pour l’un d’entre eux, tout va dérailler, c’est l’engrenage, le début de la fin. La scène est divisée en deux par un écran transparent dans le sens de la longueur. D’un côté, l’univers de ces cadres, bureaux aérés et air conditionné, « computers » et fauteuils moelleux, de l’autre, les vestiaires où les employés se changent pour enfiler leurs costumes de toons pour la parade immuable de ce grand parc d’attractions. Enfin, en fond, dominant tout, l’écran où sont projetés des extraits vidéo qui accélèrent l’intrigue, dévoilent les coulisses, ou amplifient l’écho des slogans sournois qui façonnent l’esprit maison. Plus les mois passent, plus l’exclusion « du team » se précise. Insidieusement d’abord puisqu’on oublie de l’inviter à certaines réunions, il se retrouve à manger seul à la cantine jusqu’à ce qu’il se réfugie pour cacher sa solitude dans sa voiture. Ensuite méthodiquement, froidement, systématiquement, on le dépèce des attributs de son pouvoir. Plus de bureau, plus de chaise, plus d’ordi, plus d’adresse mail…de permanent, il devient permutable, jusqu’à finir transparent. La politesse mielleuse et convenue s’estompe pour faire place au cynisme pernicieux, tout se conjugue pour détruire insidieusement la personnalité. On distille le doute, on ne reconnait plus le travail, on multiplie les humiliations millimétrées et le harcèlement du quotidien, tout pour rendre la vie au travail insupportable. Cette stratégie obscène et pernicieuse ne laisse personne intacte, ni l’exclu, ni ses collègues, personne ne sort indemne de cette tragédie qui transforme un winner formaté en victime collatérale d’une réorganisation des services. Remarquable de bout en bout, ce spectacle est une plongée effrayante qui démystifie le monde du travail. À garder en mémoire lors de chaque entretien d’embauche.
Une soirée exceptionnelle.
SUD-OUEST - 25/03/2013
Quand la réflexion est un plaisir partagé
[ ... ] Le public présent a apprécié le spectacle original créé par le metteur en scène et les comédiens du théâtre du Rictus, une compagnie qui portait particulièrement bien son nom en cette occasion.
Comédiens et spectateurs ont, en effet, partagé quelques contractions des muscles de la face pouvant faire croire à un sourire forcé et surtout menaçant.
Comment, en effet, rire du suicide de ce cadre, peu à peu humilié, dégradé au rang de figurant dans la parade du parc de loisirs puis poussé au suicide sous les rires cyniques d’autres cadres qu’on sent prêts à subir le même sort ?
Si le public a tout de même parfois souri, il a aimé à la fois l’écriture mécanique de Sylvain Levey et la mise en scène, tout aussi cinématique et millimétrée, démontant la machine implacable mise en marche.
Il a apprécié les effets mis en place, voile translucide partageant la profondeur de la scène ou projection de vidéo, permettant de montrer simultanément trois actions différentes ou de décrypter une même situation sous trois points de vue différents. Il a enfin salué le jeu rigoureux et sans pitié de fabuleux comédiens.[ ... ]