ROUGE NOIR ET IGNORANT
AUTEUR : EDWARD BOND
ANNÉE DE CRÉATION : 2000
PRODUCTION : Spectacle produit par le Théâtre Universitaire de Nantes en collaborationa avec la DRAC Pays de Loire et la Ville de Nantes
NOTE D’INTENTION
PIèCES DE GUERRE
Un jour à Palerme, Edward Bond improvisait avec des étudiants. Il leur avait proposé la situation suivante : l’ordre est donné à un soldat de tuer une personne dans leur entourage. Tous avaient fini par retourner l’arme vers leur propre famille. Bond appellera cet acte, l’innocence radicale, devenue point de départ de l’écriture des Pièces de guerre. A la recherche d’une nouvelle définition du nom d’humain, Bond repose les questions du sens, de la responsabilité et de la légitimité.
Dans Pièces de guerre, composée de trois pièces : 1. Rouge, noir et ignorant, 2. La furie des nantis, 3. Grande paix , cette trilogie a conservé toute sa pertinence et résonne douloureusement avec l’actualité. Elle traite de la menace nucléaire et de ses conséquences sur l’humanité. Edward Bond y dépeint une société déshumanisée, contrainte à la survie donc soumise au manque, à la violence physique ou verbale. Elle n’est pas sans rappeler les films « La planète des singes » ou à certains égards « Mad Max ». Seul le personnage faisant preuve d’humanité est ironiquement baptisé le Monstre, comme si ce qu’il dégage ou exprime, devenant insupportable aux autres, déchaîne l’agressivité de son entourage, comme le faible bien souvent cristallise chez ses persécuteurs la haine et le sadisme.
Au commencement, quand les fusées détruisirent le monde et que le nuage étincela comme un brasier, l’enfant fut expulsé du ventre d’une femme déjà morte. Le monstre, personnage central, ainsi enfanté nous raconte des histoires qu’il n’a pas vécu pour arriver à saisir comment peut-on en être arrivé là. Son fils, plus tard, va vivre concrètement cette question : il est envoyé en tant que soldat pour tuer un homme dans la rue de ses parents. Il finira par choisir son père.
Laurent Maindon
COMPLÉMENT
DISTRIBUTION
DISTRIBUTION
Le 1er acheteur / Scène 5 : Marie Reichner
Le Fils / Scènes 6, 7, 8, 9 : Grégoire Roger
Le Monstre / Scènes 3, 4, 5 : Antoine Orhon
Le Garçon / Scène 2 : Ghislain Delpino
Le Monstre / Scène 1, 2 : Maud Le Chartier
Le Monstre / Scène 2 : Juan Mino
La Fille / Scène 2 : Mariette Loirat
Le Professeur / Scène 2 : Nadège Deriano
La Femme du monstre / Scènes 3, 4, 5 : Aude Fresnay
Le Monstre / Scènes 6, 7, 8, 9 : Benjamin Mauduit
La Mère du monstre / Scène 1 : Clara Osadtchy
La Femme du monstre / Scène 7, 8, 9 : Hélène Lafosse
La Femme sous le banc / Scène 6 : Laetitia Bourmalo
Le 2ème acheteur / Scène 5 : Antoinette Lefebvre
Mise en scène : Laurent Maindon
Scénographie : Christophe Garnier
Création lumières : Jean-Marc Pinault, assisté d'Alain Le Foll
Bande son : Jérémie Morizeau
Création costumes : Anne-Emmanuelle Pradier
Affiches, tracts : Anima Production
EDWARD BOND
Edward Bond, né à Londres en 1934, est l'un des auteurs dramatiques de langue anglaise les plus créatifs des années 70 à aujourd'hui.
Auteur notamment de "Sauvés", "Bingo", "Eté" ou plus récemment de "Dans la compagnie des hommes", Bond est un écrivain engagé, militant infatiguable contre toutes les formes d'oppression et de barbarie. Il a bâti une oeuvre théâtrale originale tentant constamment de lier recherche poétique et propos politique.
Je suis né à huit heures et demie du soir le mercredi 18 juillet 1934. Il y avait un orage. Une heure avant ma naissance ma mère lavait les escaliers de son immeuble pour qu'ils soient propres quand la sage femme marcherait dessus. Dans le quartier où vivait ma mère on considérait les représentants du corps médical comme des agents de l'autorité. J'ai été bombardé pour la première fois à cinq ans. Le bombardement a continué jusqu'à ce que j'ai onze ans. Plus tard l'armée m'a enseigné neuf façons de tuer. Et à vingt ans j'ai écrit ma première pièce. Comme tous les gens en vie au milieu de ce siècle ou nés depuis. Je suis citoyen d'Auschwitz et un citoyen d'Hiroshima. Je suis citoyen du monde humain qui est encore à construire.
Edward Bond, extrait de Théatre / Public, n°111, 1993