VITELLIUS


 
 

NOTE D’INTENTION
 


 
Il lui reste 2 jours pour abdiquer, pour quitter le pouvoir. Tout le monde le presse mais lui, résiste comme un môme à qui on voudrait enlever son jouet de prédilection. Parent d’Hamlet, et d’Ubu, le Vitellius de Forgách, pour plus ignoble qu’il fut vraisemblablement dans la réalité, est emblème sans le sceau, empereur sans le pouvoir, tyran sans remords, humain sans le savoir. Vitellius est un incontinent de l’existence.
 
Avec Vitellius, Forgách convoque l’image contemporaine de l’Empereur romain en posant cette question ironique : est-ce l’exercice du pouvoir qui infantilise le tyran ou la cruauté de l’enfant qui se réveille chez tout détenteur de pouvoir ? Car ici on torture mais on caresse aussi, à moins que ça ne soit l’inverse. Dans une scénographie résolument anachronique, Vitellius s’affaire à l’exercice du pouvoir, précipitant avec lui la chute de ce qu’il lui reste de gouvernement, pendant que les successeurs sont déjà en train de préparer la relève. Vitellius aussi sincère, dans sa férocité et son délire de persécution que dans ses régressions enfantines, n’est qu’un produit jetable de l’Histoire. L’ogre et l’enfant sont ici réconciliés, dans une nature instable et brutale, cyclothymique et paranoïaque. Mais tout manipulateur finit un jour par être manipulé à son tour…
Au travers de cette fable tragi-comique, si la filiation des dictateurs de tout poil nous avait échappé, on se souviendra que Forgách écrit sa pièce avec un humour féroce, pendant que Gorbatchev solde les derniers comptes d’un brejnevisme moribond et annonce les mêmes scénarii à venir dans le reste du monde, comme si l’histoire était définitivement amnésique.
 
Le Théâtre du Rictus crée et présente Vitellius au Lieu Unique, spectacle inédit en France, de l’auteur dramatique et scénariste hongrois, András Forgách, qui reçut pour cette pièce, le prix de la critique en 1992 à Budapest.
 
LAURENT MAINDON

 
 
COMPLÉMENT
 
 
DISTRIBUTION
ANDRÁS FORGÁCH
PRESSE