Fuck America #1


 

 

Jakob Bronsky qui a fui l’Allemagne nazie, après plusieurs exils en Israël et en France, s’installe aux Etats-Unis, sans le sou, condamné à survivre en effectuant des petits boulots pour pouvoir écrire un roman qui parlera de la violence et de la barbarie.

G. : Vous avez écrit, Monsieur Bronsky ?
B. : Oui, Monsieur Grünspan.
G. : Monsieur Selig m’a dit que vous écrivez un roman.
B. : Très juste, Monsieur Grünspan.
G. : Il a parlé d’un trou. D’un trou dans votre mémoire. Vous comblez ce trou, c’est bien ça ?
B. : Oui, c’est ça.
G. : C’est vous le héros du livre ?
B. : ça se pourrait, mais j’écris à la troisième personne.
G. : Donc le héros est un homme. Quel genre d’homme ?
B. : Un héros solitaire.
G. : Un branleur ?
B. : Qu’est-ce que vous voulez dire ? Mon livre n’a rien à voir avec la branlette. C’est un livre grave.
G. : Si c’est un homme solitaire, c’est un branleur. Appelez votre livre : Le Branleur !

Extrait de Fuck America d’Edgar Hilsenrath, éditions Le Tripode (paru en 2009 sous la marque Attila) traduit par Jörg Stickan
Fuck America, prochaine création du Théâtre du Rictus (2017 / 2018)