Rictus Dernières #8
La ville de l’année longue (prochaine création du Théâtre du Rictus)
Il y a quelque chose comme une fin de partie sans cesse rejouée, il y a quelque chose comme 7 personnages en quête d’auteur, il y a quelque chose du Lynch de Twin Peaks dans cette pièce atypique de William Pellier. Perdus sur une île du grand nord norvégien, une vieille femme, sa fille et son mari qui n’est autre qu’un ours polaire vivent à l’abri du monde. Mais des personnages de la société civile (un prix Nobel d’économie, deux ex-banquiers français) font irruption comme sortis de nulle part puis s’entretiennent et se disputent à propos de la crise économique, de Hitler, du sens de la vie. L’écriture inventive et audacieuse de William Pellier nous surprend avec un humour plein de ressources et d’allusions.
Depuis maintenant 13 ans, la Ville de Guérande s’engage en faveur des arts dramatiques et de la création contemporaine à travers son Prix d’écriture théâtrale. Décerné par un jury présidé cette année par l’auteur et metteur en scène Joël Jouanneau, ce prix vise à promouvoir et à faire connaître les écritures dramatiques qui participent au renouvellement du langage théâtral. À l’issue d’une sélection en plusieurs étapes (qui garantit l’anonymat des dramaturges), le texte récompensé, La Ville de l’année longue de William Pellier, a été choisi parmi cent cinquante pièces inédites écrites en langue française. Il sera lu à La Chapelle du Grand T par le Théâtre du Rictus, en présence de l’auteur lauréat, vendredi 11 octobre à 20 h.
Ce texte a été écrit dans le cadre de Partir en écriture organisé par le Théâtre de la Tête Noire de Saran.
Du Grand R au Grand T, en Pays de la Loire, la Trilogie sur la route…
L’aventure d’Asphalt Jungle et de la Trilogie écrite par Sylvain Levey se poursuit dans le sillage de cette nouvelle saison 2013-2014 car c’est en grande partie en région Pays-de-la Loire que nous aurons le plaisir de donner quelques représentations dans des villes et des lieux aussi divers que prestigieux. Le Grand R de la Roche-sur-Yon et le Grand T de Nantes nous ont ouvert leurs portes et accueilleront la Trilogie pour donner au public plus de 5 heures de représentation sur ce thème ô combien d’actualité qui tente d’explorer les mécanismes de la violence ordinaire au cœur de nos sociétés contemporaines.
Il semble que le sujet soit intarissable et soit aussi une source d’observation pour nos sociologues qui ont choisi de s’intéresser à cette montée inexorable de la violence. Les Pinçon-Charlot pour qui la sociologie est un sport de combat décortiquent dans leur dernier ouvrage La violence des riches (éd. Zones), «la mécanique de domination» s’exerçant depuis le haut de l’échelle sociale. Une violence économique et symbolique que les auteurs jugent redoublée par la crise, et dont les terrains sont l’usine comme la ville, la rue comme le petit écran. La transition nous permet d’évoquer le dernier texte de Sylvain Levey, que Laurent Maindon a mis en scène et qui retrace l’histoire d’une petite boite de production audiovisuelle qui décide de monter une émission de téléréalité. Si dans les deux premiers volets, il s’agissait de s’intéresser aux faits divers qui résonnent avec l’actualité, RHAPSODIES représente une opportunité d’explorer un autre thème cher à Sylvain Levey et à Laurent Maindon, celui de la téléréalité, car celle-ci prend une place hypertrophiée dans les programmes télé. Sylvain Levey focalise son écriture sur les différents modes d’exercice du pouvoir. On s’interroge : comment certains faits de manipulation, de soumission, sont déjà des formes de violence à part entière ? Pour faire simple, aux deux bouts de la chaîne, il y a le bourreau et la victime. Ce qui nous intéresse c’est tout le chaînon de complicités, de lâchetés qui se situe entre ces deux pôles et qui rend possibles les dysfonctionnements et les barbaries. Dans cette trilogie, Sylvain Levey porte un regard lucide sur la condition humaine en racontant que chacun de nous peut se retrouver à telle ou telle place du jeu social qui est en place.
Au pays des… centres de vacances
Du 19 au 27 août 2013, le Théâtre du Rictus est parti en tournée avec le spectacle AU PAYS DES… de Sylvain Levey pour 8 représentations en 9 jours dans les Centres de vacances de la CCAS d’EDF. Cette collaboration fait suite à une représentation donnée avec le même organisme au Festival Contre-Courant en Avignon le 18 juillet 2012.
L’initiative répond à une demande très forte d’émancipation et de démocratie culturelle. Jouer un spectacle de théâtre qui aborde les thématiques du harcèlement au travail, du suicide en entreprise sur des lieux de vacances relevait tout de même d’une certaine gageure, tant de la part des organisateurs que de celle de l’équipe du Rictus. A en juger par l’accueil et la qualité des échanges qui ont suivi les représentations, ce fut une réussite.
Il faut saluer l’initiative de la CCAS d’EDF de maintenir une programmation annuelle dans les centres de vacances sans sacrifier à l’influence de l’audimat ou du box office. D’autre part, il appartient également aux compagnies professionnelles de sortir de temps en temps des réseaux de diffusion « classiques » pour externaliser les représentations hors des lieux culturels (con)sacrés.
Au pays des… théâtres serbes
Le Théâtre du Rictus a été à l’initiative du Festival Quartet-Visions d’Europe, qui s’est déroulé en partenariat avec 3 autres théâtres d’Europe Centrale de 2008 à 2010. Ce projet a porté l’ambition à la fois grande et modeste qui consiste à faire en sorte que le théâtre, la culture apportent leur pierre à l’édifice de la construction de l’état d’esprit européen. Il s’agit de considérer que le théâtre est vecteur d’ouverture sur l’autre, et qu’un projet comme Quartet, grâce à la mixité des équipes artistiques, techniques, administratives, par la confrontation des publics à des œuvres venues d’ailleurs, par sa participation à des débats et tables‐rondes permet une meilleure connaissance des pays voisins et des préoccupations de ses contemporains. De cette aventure, riche en qualité d’échanges et de collaboration, est restée la volonté de poursuivre cette coopération artistique par différents moyens. Un projet de coproduction théâtrale transeuropéen est à l’étude actuellement avec le Théâtre de Novi Sad.
Le Théâtre du Rictus avait déjà représenté le premier volet de la trilogie Asphalt jungle début novembre 2008 au Théâtre National Serbe de Novi Sad. Cet automne, Au pays des sera représentée le 25 octobre au Théâtre Tosa Jovanovic de Zrenjanin, 26 octobre au Théâtre National Serbe de Novi Sad, 29 octobre au Théâtre National de Sombor, 31 octobre au Théâtre National de Subotica et le 2 novembre au Jugoslovensko Dramsko Pozoriste de Belgrade en étroite collaboration avec l’Institut Français de Belgrade et son événement Trans’script consacré aux écritures dramatiques françaises.
Cette tournée est soutenue par l’Institut Français, la Région Pays de Loire et en mécénat par l’entreprise TMC Innovation.
J’en veux plus !!!!
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